Condition animale – suspension de la chasse à la glu

Le Chef de l’État a annoncé suspendre cette année la chasse à la glu pour les grives et les merles. Cette méthode controversée, que la France est le dernier pays de l’Union européenne à autoriser (à titre dérogatoire, dans cinq départements), consiste à piéger les oiseaux en enduisant de colle les branches de certains arbres.

Cela fait plusieurs années que les associations dénoncent cette pratique, sur laquelle la Cour de justice de l’Union européenne doit prochainement se prononcer. Aux côtés d’autres parlementaires, je m’étais engagée sur cette question en appelant dans une tribune à mettre fin à mettre fin à la chasse à glu et à d’autres méthodes issues de la chasse traditionnelle.

Cette annonce est donc une victoire importante et il faudra que cette décision puisse être prochainement pérennisée.

Tribune du 8 juin 2020 – « La “France d’après” doit mettre un terme aux chasses traditionnelles »

Ci-dessous le texte intégral de la tribune que je co-signais en juin dernier avec 61 collègues parlementaires, à l’initiative du Député Loïc Dombreval.

Les français manifestent des attentes de plus en plus fortes en matière de protection de la biodiversité comme de prise en compte du bien-être animal.

Les conditions sont-elles aujourd’hui propices à l’émergence d’une chasse modernisée, en phase avec les enjeux de conservation des habitats naturels et de lutte contre l’érosion de la biodiversité ordinaire ?

La diminution constante du nombre de pratiquants (2,5 millions dans les années 70, moins de la moitié aujourd’hui), l’évolution de la connaissance scientifique et des mentalités, une certaine évolution des pratiques cynégétiques est de fait engagée. Mais elle est loin d’être visible par l’opinion publique à ce jour notamment à cause de la défense de pratiques dépassées qui desservent la chasse dans son ensemble.

Ces pratiques archaïques persistantes sont devenues politiquement indéfendables. Les chasses traditionnelles ont une forte connotation négative qui pèse lourdement sur la réputation des chasseurs et la perception de la chasse en général.

Parmi celles-ci citons :

  • le déterrage des blaireaux et des renards, ou vénerie souterraine, qui consiste à extraire l’animal de son terrier grâce à une pince métallique puis à l’achever à la dague ou au fusil,
  • la chasse à la glu, qui consiste à piéger des oiseaux avec de la colle,
  • la chasse à la matole, qui piège l’oiseau dans une cage,
  • la chasse à la tenderie, seulement autorisée dans une soixantaine de communes qui consiste à piéger les grives à l’aide de collets suspendus,
  • la chasse à la tendelle qui est un dispositif qui écrase l’oiseau avec une pierre dite assommoir. Toutes ces chasses se caractérisent par un stress majeur, une mise à mort souvent indigne et/ou une dimension non sélective qui frappe des espèces non cibles, parfois protégées.

Ces pratiques sont insoutenables du point de vue du respect des êtres sensibles que sont les animaux, et à l’opposé d’une chasse qui se voudrait moderne et éthique.

D’ailleurs, ces modes de capture n’échappent à la qualification de braconnage qu’à titre dérogatoire, ne les tolérant que sur une portion limitée du territoire français ou pour une espèce donnée, les sanctionnant sévèrement en toute autre circonstance.

Ainsi, la chasse à la glu est illégale est donc interdite partout en France, à l’exception de 5 départements, dont les Bouches-du-Rhône, département qui au passage accueillera en janvier 2021 le … congrès mondial de la nature de l’UICN.

Il nous semble donc urgent d’acter l’abandon définitif de ces chasses traditionnelles, pratiques incompatibles avec la reconnaissance du bien-être animal et avec l’exigence éthique que la chasse du XXIème siècle appelle de ses vœux.

Les chasseurs pourraient ainsi démontrer leur volonté et capacité de modernisation en se délestant volontairement de certains modes de chasse et de pratiques objectivement cruelles. Pour ce dossier et plus que jamais, l’heure est à l’écoute et au débat. L’arrêt des chasses traditionnelles pourrait se faire progressivement, sur un nombre d’années à définir en concertation avec le monde de la chasse, en mettant par exemple en œuvre un dispositif de quotas dégressifs de prélèvements.

Crédits photo : Gabriel BOUYS / AFP

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